“Il me semble parfois que mon sang coule à flots,
Ainsi qu’une fontaine aux rythmiques sanglots.
Je l’entends bien qui coule avec un long murmure,
Mais je me tâte en vain pour trouver la blessure.”

Ces mots de Baudelaire, écrits dans un de mes agendas d’adolescente, gravés en ma mémoire. Je ne trouve toujours pas la blessure, et mon sang coule à flots, oui.

Comment ce corps peut-il contenir tant d’eau? Comment ne se tarissent-elles pas? Je ne saurais même dire pourquoi elles coulent, ces fichues larmes. Ou juste je refuse de me l’avouer.

Un bâtonnet d’encens, une chanson douce, un goût sucré sur ma langue, j’essaye, vraiment, j’essaye de prendre soin de celle qui est censée être moi, je me retiens désormais de la battre… Mais la plaie est toujours là, le monstre ne peut mourir, et la douleur exulte.

Prier, hurler, cracher ma rage. Puis des mots, des mots, toujours des mots, cette part de moi qui me donne cette issue, formuler des phrases, oublier un instant. Tout s’est mélangé là dedans, l’inutile, la vanité de mes jours, le besoin désespéré d’exister, la peur, le rejet, le manque d’amour, l’envie, l’exaltation, la rage, la colère, l’impuissance, l’ange déchu, le monstre, le droit, les devoirs, l’inéluctable, la mort, la vie, la solitude, et ça ne revient toujours qu’à un seul pauvre petit point qui me dit juste encore et toujours que c’est de ma faute et qu’à ce titre je ne mérite pas d’être ici. Quelque soit le “ici”, quelque soit ma “faute”.

“Je suis tombée, j’ai mal!
-C’est le petit Jésus qui t’as puni.