Lucas, 29 avril 2008Ce matin, au détour d’un rangement intempestif du salon, j’ai trouvé au sol quelques cheveux blonds, trois mèches plus exactement. Trop courts pour être les miens, trop longs pour être à Eve, trop blonds pour être à Pierre, trop “cheveux” pour être à Loulou… Je me suis donc tournée vers l’innocent présumé afin de procéder au procès qui a consisté en une interrogation unique: “Lucas, c’est quoi ça? Tu t’es coupé les cheveux?”. Dans ses petits souliers, l’accusé a vaillamment résisté quelques secondes, oscillant entre plaider coupable ou tout nier en bloc, avant de se décider: “Oui je m’as coupé les cheveux maman…”. La sentence est tombée sans délibération des jurés “Mon ange il ne faut pas se couper les cheveux soi même, sauf si tu as appris à le faire, mais vois-tu même papa et maman ne se coupent pas les cheveux tout seuls!”. Le résultat de ses coups de ciseaux n’est pas trop désastreux, au vu des épis préexistant dans sa chevelure ça passe sans trop de difficultés.

Virginie, 17 ans, janvier 1995Il est amusant de se remémorer sa propre enfance au travers de cette première tentative de notre apprenti coiffeur. Je me suis souvenue avec précision de ce jour où j’avais voulu raccourcir ma frange qui me tombait dans les yeux, les chatouillait et me gênait. Coup de ciseau, “ah c’est pas droit”, rafistolage, “ah c’est toujours pas droit”, re-coup de ciseau, “mais euh pourquoi c’est pas droit”!, re-re-coup de … arf voilà Maman, cri horrifié devant le résultat et cet ersatz de frange alternant mèches presque longues et absence de cheveux, pour une sentence simple “Tu l’as fais, assume! Tu resteras comme ça!”. Quel âge pouvais-je avoir? 6, 8 ans? Je me souviens de la chambre, de l’armoire, de son emplacement exact, de mon reflet dans le miroir et de ma honte… Je crois n’avoir plus jamais recoupé une seule fois mes cheveux, à part cas exceptionnels de romantisme adolescent. De toutes façons, il a fallu attendre mes 20 ans pour que je daigne accepter sans hurler que qui que ce soit en coupe une mèche.

Eve, 18 mois, adooore les chapeauxQuant à Eve, elle pousse bien, ses cheveux moins! Ils commencent tout juste à recouvrir sa nuque lorsqu’ils sont mouillés, le reste du temps c’est une jolie bouclette qui orne la base de son crâne. Elle répète à l’envie tous les mots qu’on distille et me prouve régulièrement qu’elle est ma fille, avec ce regard noir et cette moue qui dit “je veux!”.