“Pourquoi pleures-tu?.
- Pour un grain de riz.
- Un grain de …?!!!
- Un grain de riz sur lequel étaient gravés deux noms.
- Et alors?
- Deux noms dont j’espérais qu’ils soient toujours prononçables ensemble.
- Et … ?
- Le grain de riz s’est fendu. L’histoire s’est achevée. Mes illusions aussi…

Ainsi commençait l’histoire. Ou plutôt ainsi se finit-elle. Histoire banale d’un épisode d’adolescence. Elle a commencé à la fin d’un printemps dans la cour d’un lycée, au soleil, sur un banc, trois adolescentes et les histoires de leur âge, un mec passe… Il croise un regard et l’enchainement commence, jusqu’à la destruction finale.
Il parait qu’elle vit dans un asile dont les murs forment une véritable forteresse. Il y fait froid, un froid glacial qui blanchit les matelas des murs. Les chaines liant ses poignets, ses chevilles et son cou grincent tandis qu’elle grelotte, qu’elle tremble désespérément en tirant sur ses fers dans le vain espoir de les arracher un jour. Ici pas de gardiens, pas d’autre sauvage enfermé, c’est son asile à elle seule, elle est une pensionnaire unique… Nul ne vient la nourrir. Parfois cependant le froid diminue et les murs de glace fondent, dès fois même une brèche s’y forme, vite réparée. Et elle hurle et le vent couvre sa voix.
La lumière dans sa tête lui demande toujours de lui expliquer, puisqu’elle est seule à pouvoir la libérer, mais elle se mure alors dans le silence.

Syrtlean - Février 1996