C’est agréable d’emmener Lucas à l’école le matin. Et ça l’est tout particulièrement ces jours-là. Ceux où la maitresse ayant un peu de temps, elle me parle de lui. D’autant que c’est généralement en bien. Ainsi par exemple me conte-t-elle cette semaine l’anecdote suivante:
“Qu’est-ce que Lucas est pertinent! Je lisais un livre sur des ogres aux enfants et leur demandais de me dire quelle pouvait être la suite de l’histoire. Lucas a repéré sur la couverture des dessins d’os. Il a tout de suite trouvé la suite de l’histoire, où les ogres ont dévoré le protagoniste! Et c’est déjà arrivé plusieurs fois cette année qu’il fasse preuve d’une telle pertinence! Comme c’est agréable de l’avoir dans la classe!”
Là la Maman se rengorge discrètement, fière comme un paon (mais bien incapable de faire une aussi belle figure avec ses plumes). Bien sûr je fus aussi très mal à l’aise, moi et mon complexe vis à vis des compliments… Du moins ai-je corrigé la vieille tendance à aussitôt saper l’effet en proférant un commentaire pour limiter les mérites de mon fils. Je suis donc restée coite. J’ai murmuré un “merci” timide du bout des lèvres et j’ai filé me repaitre de satisfaction à l’abri des regards. Comment faire quand on a grandi avec l’idée que la satisfaction était de la vanité et à ce titre était “mal”? J’apprends peu à peu à recevoir des compliments, je commence même à être capable de croire à ceux que l’on énonce à mon égard (ceux sur les enfants aucun souci ils sont vrais!!!), et je ne désespère pas d’apprendre à laisser s’exprimer à haute voix tous ceux que je pense à l’égard de ceux qui m’entourent. J’ose même pousser le vice jusqu’à parfois être satisfaite de quelque chose que j’ai fais sans craindre de réprimande pour un tel manque d’humilité…
C’est bien pour cela d’avoir mes enfants: j’ai le droit, si ce n’est même le devoir, d’être fière d’eux et de les aimer tels qu’ils sont et entièrement. J’ai même la permission de le laisser savoir. Et peu à peu ça m’apprend que j’ai ces mêmes droits à mon égard et envers ceux qui ont la folie de me trouver aimable.
(et puis c’est beau un paon, non?)
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